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Presse

Dans le deuxième d'une série de trois tomes de pensées, de notes et d'aphorismes tirés de ses carnets intimes — tenus cette fois en 1956 et 1957 —, Gilles Leclerc, l'auteur du Journal d'un inquisiteur, décédé en 1999, y poursuit à petites touches son réquisitoire presque général. Son énergie de révolté péremptoire «né en pays maudit» paraît inépuisable pour dénoncer tout ce qui l'irrite. Sa misanthropie, sa haine de soi («J'écris pour moi — et contre moi»), ses couplets bilieux déclinés sur l'air du «Québec me tue», sa détestation quasi obsessive de la politique, des politiciens, et même de la démocratie, semblent ici sans limites et se mêlent à sa «honte» de devoir gagner sa vie comme rédacteur sportif à Radio-Canada. Des pages lourdes et tendues où la lucidité s'oppose au malheur personnel.

En bref, Le Devoir, 12 décembre 2009

Le journal d'un inquisiteur de Gilles Leclerc est un essai massif, pessimiste, contradictoire et douloureusement lucide, emporté contre la prudence médiocre, l'autorité idole. Le Journal d'un inquisiteur est un cri de rage et un aveu d'impuissance de Gilles Leclerc devant ce qu'il considère comme la débilité de son peuple. Le recueil forme un ensemble de jugements lapidaires, tranchants et sans rémission, exprimés en une phrase lourde, mais percutante. Cet essai est plutôt considéré comme un pamphlet qui traduit l'intuition, la lamentation ainsi que la passion partisane et engagée de son auteur pour la cause de l'indépendance politique du Québec.

René Beaudin, Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec

Gilles Leclerc, inquisiteur — Dans le deuxième d'une série de trois tomes de pensées, de notes et d'aphorismes tirés de ses carnets intimes — tenus cette fois en 1956 et 1957 —, Gilles Leclerc, l'auteur du Journal d'un inquisiteur, décédé en 1999, y poursuit à petites touches son réquisitoire presque général. Son énergie de révolté péremptoire « né en pays maudit » paraît inépuisable pour dénoncer tout ce qui l'irrite. Sa misanthropie, sa haine de soi (« J'écris pour moi — et contre moi »), ses couplets bilieux déclinés sur l'air du « Québec me tue », sa détestation quasi obsessive de la politique, des politiciens, et même de la démocratie, semblent ici sans limites et se mêlent à sa « honte » de devoir gagner sa vie comme rédacteur sportif à Radio-Canada. Des pages lourdes et tendues où la lucidité s'oppose au malheur personnel.

Christian Desmeules, Le Devoir, 13 décembre 2009

Bien installé au milieu d'une théorie d'enragés littéraires québécois, de crieurs publics et d'impatients déboulonneurs de mythes, Gilles Leclerc (1928-1999) occupe une toute petite place dans l'histoire de notre littérature. Le Journal d'un inquisiteur, paru pour la première fois aux éditions de l'Aube en 1960 -- à compte d'auteur --, demeure aujourd'hui encore un texte baveux, péremptoire, exultant, frénétique, défaitiste et tristement visionnaire.Jean Marcel, qui signait la préface de sa deuxième vie aux éditions du Jour en 1974, n'hésitait pas à voir dans le Journal d'un inquisiteur le «non le plus global qui ait jamais été proféré à la face non seulement du Québec comme pays, mais de ses assises historiques et spirituelles». Des années plus tard, toujours peu lu, le Journal a été réédité chez Lux en 2002 avec une présentation de Gilles Labelle qui y soulignait, peut-être à tort, les affinités liant Leclerc à Guy Debord et au mouvement situationniste. Un rapprochement que l'auteur de La Société du spectacle devait lui-même rejeter dans une lettre d'août 1960 à Patrick Straram, qui venait de faire paraître le premier numéro – et aussi le dernier – de sonCahier pour un paysage à inventer auquel Leclerc (en plus de Gaston Miron, Paul-Marie Lapointe et Gille Hénault) avait collaboré. « Gilles Leclerc, écrit Debord, est dans une confusion qui ne s'ouvre que sur Dieu et son "odeur d'œuf pourri". Son vocabulaire s'en ressent aussi. Les vérités parcellaires qui s'y mêlent en sont altérées. » Un peu plus loin, Debord sent le besoin d'en rajouter et enjoint à Straram de suggérer à Leclerc de « lire les œuvres philosophiques de la jeunesse de Marx pour apprendre "le respect de l'intelligence", parce qu'il est très mauvais d'en rester à l'âge mental de 14 ans, surtout quand on a eu 14 ans en admirant Carrel, Koestler et Malraux... » Premier d'une série de trois tomes de pensées, de notes et d'aphorismes tirés des carnets intimes de Leclerc que les éditions De Courberon souhaitent faire paraître, Miniatures. Carnets d'un inquisiteur lève le voile sur les préoccupations morales (surtout), artistiques et intellectuelles de Leclerc au cours de l'année 1956. Si on y fait la connaissance d'un idéaliste exigeant à la recherche d'une illusoire pureté de l'âme – et d'un Dieu certainement aussi incertain –, on s'aperçoit vite que la révolte de Leclerc se colore très tôt d'une part d'amertume et d'un pessimisme radical que ses difficultés à publier, par la suite, viendront sans doute alimenter. « À force de songer à ce que je ne serai jamais, écrivait-il, je m'empêche de produire. » Plus loin: « Je laisse croître en moi les tensions intellectuelles et morales qui, elles, me dicteront l'heure de l'accouchement artistique. J'attends l'avènement de mon dieu caché. J'ai confiance: c'est ma Foi, à moi ! » Mais à force d'attendre et d'être mal reçu, on faiblit, la flamme vacille Beau cas de représentant d'une génération qui s'est heurtée de front aux puissances les plus monolithiques de la société canadienne-française, Leclerc n'avait peut-être pas, quant à lui, les moyens de ses ambitions prométhéennes. Mais sa révolte nourrie d'humanisme déçu saura sans doute toujours trouver un écho. « Un amour en flagrant délit de coma, et une habilité à la haine insomniaque, voilà ce qu'on se retrouve dans les mains après avoir fait l'autopsie de l'Homme, à toute heure de la vie, en tous points géographiques du globe », écrivait en août 1956, à l'âge de 27 ans, ce parfait contemporain d'Hubert Aquin, qui caressait, de l'autre main, un projet de roman « bernanosien ». Triste prophète du déclin de la « civilisation » québécoise, Mozart assassiné de la Révolution tranquille, Gilles Leclerc, qui n'a plus rien publié après 1960 – rien d'inédit en tout cas –, a poursuivi une longue et fructueuse carrière de terminologue à l'Office québécois de la langue française. Il a semble-t-il laissé toute une caisse d'inédits et de textes inachevés, dont une intrigante Mystique de la merde, des poèmes, des drames, des romans.

Christian Desmeules, Le Devoir, 20 décembre 2008

On n'aime jamais lire les Prophètes : ils paraissent toujours annoncer le pire. Mais vient un moment, quand, justement, les lendemains supposés radieux sont passés et qu'ils ont été un peu décevants où il importe de les reprendre et de les méditer un peu. Le prophète vit dans une autre temporalité, jamais "à la mode" ; son inquiétude est pourtant susceptible de nous réclamer au-delà de la différence des temps.Gilles Labelle, extrait de la préface

Gilles Labelle, Extrait de la Préface du Journal d'un inquisiteur

Le Journal d'un inquisiteur de Gilles Leclerc, massif, pessimiste, contradictoire, est douloureusement lucide, emporté contre la prudence médiocre, l'autorité idole.

Laurent Mailhot, La littérature québécoise

Tous ceux qui ont écrit de 1950 à 1970 sur le Québec n'ont rien dit de plus que ce qui est dit dans ce Journal.

François Ricard, Études françaises

Un tas d'idées qui me forcent moi-même à m'interroger, à remettre en question le bon sens lui-même, le sens commun, les jugements les plus acquis, les faits les plus rassurants...

Gaston Miron, Lettre à Gilles Leclerc,
3 juin 1960
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